vendredi 25 avril 2025

BIOGRAPHIE

  1. Les premières années de sa vie
  2. Sous Yamamoto
  3. Le film révélateur
  4. La reconnaissance Internationale
  5. L'inspiration Shakespierienne
  6. La Séparation
  7. Les déceptions
  8. Le retour du succès
  9. Les dernières années de sa vie










1. Les premières années de sa vie

Akira Kurosawa est né le 23 mars 1910 (ère Meiji) à Tokyo. La famille, installé dans le quartier d'Omori, est nombreuse. le père du jeune Akira est issu d' une famille de Samouraï; et enseigne à l' académie militaire; sa mère est fille de commerçants d'Osaka. L' éducation paternelle est très stricte, même si elle ne s' oppose pas aux dispositions artistiques du jeune garçon. C' est Heigo, l' un des frères aînés de Kurosawa, qui développera chez Akira une cinéphile gourmande que complétera un amour immodéré de la peinture. Le décès prématuré de sa soeur préférée marque durablement le jeune garçon qui est par ailleurs un écolier de niveau moyen, plutôt enclin à la rêverie et au dessin. La famille Kurosawa survit au grand séisme qui détruit Tokyo en septembre 1923, mais le jeune Akira sera longtemps hanté par cette catastrophe. A l'âge de 18 ans, Akira Kurosawa, encouragé par sa famille, passe le concours des Beaux-Arts auquel il échoue. Même s'il s'en félicite, jugeant l'enseignement de cette école trop académique. Commence alors une vie partagée entre son chevalet et une activité militante au sein, par exemple, de la "Ligue des artistes prolétariens ou autres groupuscules plus radicaux. Le cinéma parlant fait son apparition tardive au Japon. Heigo, le grand frère adoré, est narrateur de films muets ("Benshi") et poursuit l'éducation cinéphile du jeune Akira. Mais Heigo se suicide au début des années '30, et Akira Kurosawa ne s'en remettra jamais tout à fait.

2. Sous Yamamoto

La peinture et le dessin ne nourrissant pas son homme, Kurosawa répond à une annonce de la PCL (Photo Chemical Laboratory) qui cherche alors des assistants réalisateurs. Akira Kurosawa est reçu au concours d'entrée et devient troisième assistant sur plusieurs films en 1937, années où il travaille pour Mikio Naruse mais surtout pour celui qui va devenir son maître, le cinéaste Kojiro Yamamoto (1902-1973). C'est auprès de ce cinéaste dont la filmographie compte près de 100 films jus qu'en 1967 qu'Akira Kurosawa se transforme en amitié alors qu 'entre-temps la PCL a fusionné avec trois autres compagnies pour devenir la toute puissante Toho (encore en activité aujourd'hui). Alors que Kurosawa a exploité toutes les phases de classifiant au près de Yamamoto, allant même jusqu'au diriger certaines scènes de Uma (Un Cheval) et d'en assurer le montage, celui-ci l'encourage à écrire ses propres scénarios: le premier sera Mizono Jurazaemon en 1940. Kurosawa se voit alors proposer par le Daiei, une compagnie concurrente, d'écrire pour elle sans que cela ne l'oblige immédiatement détruits par la censure ministérielle, qui, guerre du Pacifique oblige, prohibe tout élément jugé contestataire ou pire, "anglo-américain". Kurosawa écrit alors des histoires d'aviateurs héroï;ques pour gagner sa vie en attendant de réaliser son propre film.

3. Le Film Révélateur

Akira Kurosawa a repéré une publicité qui annonce la sortie d'un court roman de Tsuneo Tomita, récit d'apprentissage autour de l'apparition du judo à la fin du 19ème siècle. Le futur cinéaste s'emballe sur le projet de porter à l'écran cette histoire et convainc la TOHO d'en acquérir les droits avant même sa sortie en librairie. Le judo, une des fiertés nationales du Japon, semble un sujet tout indiqué pour participer à l'effort de guerre en 1943. Le Ministère de l'intérieur juge pourtant LA LÉGENDE DU GRAND JUDO (Sugata Sanshiro) trop "anglo-américain" et exige que le film soit amputé de certaines scènes. C'est le cinéaste Yasujiro Ozu qui prend la défense de Kurosawa en déclarant devant les censeurs: "Si vingt sur vingt est la note suprême, LA LÉGENDE DU GRAND JUDO mérite vingt deux sur vingt! Mes félicitations Kurosawa!". Le film est un succès. Akira Kurosawa est meilleur en scène. (Une suite de ce film sera tournée par Kurosawa lui-même en 1945, avec les mêmes comédiens. Un remake sera ensuite réalisé en 1955 par Shigeo Tanaka, puis en 1965 par Seiichiro Uchikawa, un disciple de Kurosawa.)

Le cinéma est alors utilisé à des fins de propagande et la TOHO verrait bien le jeune cinéaste glorifier quelques actes militaires spectaculaires. Kurosawa décide de prendre le contre-pied de tels conseils et part filmer les ouvriers volontaires chargées de fabriquer les lentilles pour viseurs de canon, dans un style semi documentaire, et avec une distribution intégralement féminine. Le film s'appelle LE PLUS BEAU et Kurosawa y dirige celle qui sera sa future épouse, l'actrice Yoko Yaguchi, dont il aura un premier fils fin 1945. La catastrophe d'Hiroshima et la défaite du Japon plongent alors le pays dans un profond désarroi. La censure ministérielle est remplacée par celle de l'occupant américain, prohibant tout aspect "féodal" ou nationaliste dans la production cinématographique. Le film suivant LES HOMMES QUI MARCHENT SUR LA QUEUE DU TIGRE (Tora no ô fumu otokotachi) est adapté d'une pièce de Kabuki et sa sortie est purement interdite pour des raisons confuses. Sur son tournage, Kurosawa rencontre John Ford, alors aux services des Forces américaines. La fin de la guerre encourage Kurosawa à s'initier à des formes d'arts qu 'il connaît mal : il prends des cours de céramique, s'initie au théâtre Nô. L'année 1946 est difficile à la TOHO , où il dirige L'ANGE IVRE ( Yoidore Tenshi) en 1948. Cette année est décisive pour le cinéaste : il perd son père mais se fait aussi un ami proche, le compositeur Fumio Hayasaka et dirige pour la première fois son alter ego : l'acteur Toshiro Mifune. C'est le début d'une collaboration presque fusionnelle entre les deux hommes, collaboration qui donnera seize films. Les films suivants installeront aux yeux du public le duo préféré du cinéaste : Toshiro Mifune et Takashi Shimura, qui se feront face dans les grands films de Kurosawa. C'est aussi l'époque où son vieil ami Inoshiro honda, le futur créateur du monstre Godzilla, devient l'assistant et le conseiller de Kurosawa, fonction qu 'il occupera jusqu'au dernier film du cinéaste - alors qu'Honda est devenu entre temps un cinéaste confirmé - ce qui prouve aujourd'hui à quel point Kurosawa s'était fondé une "famille" de cinéma.

4. La Reconnaissance Internationale

L'exposition internationale de RASHOMON est une chance pour Kurosawa qui peut hériter de projets ambitieux. C'est d'abord VIVRE (Ikiru) avec le grand Takashi Shimura, Tourné en 1952, l'année où le cinéaste perds sa mère, mais surtout LES SEPT SAMOURAÏS (Nanajin no samurai) , "Jidai-geki" (film en costumes, à caractère historique) de plus de trois heures, plein de bruit et de fureur, et succès internationale pour la TOHO ( dans une version raccourcis pour l'exportation!). Akira Kurosawa est en train de gagner son statut "d'empereur du cinéma japonais". Seule la mort prématuré de son ami le compositeur Fumio Hayasaka ternit ces belles années de cinéma. Les projets s'enchaînent, la plupart avec Toshiro Mifune en cinéaste exigeant, aux tournages interminables, avec plusieurs caméras. Le succès mondiale des SEPT SAMOURAÏS initie également un malentendu encore persistant aujourd'hui, celui d'un cinéaste spécialisé dans des films "de samouraÏs" : c'est injustifié au vu de sa filmographie qui comporte à peine dix "jidaÏ-geki" sur trente titres.

5. L'inspiration Shakespearienne

En 1957, Akira Kurosawa réalise LE CHÂTEAU DE L'ARAIGNÉE (Kumonosu-jo) , Le chateau de l'araignée adapté de MacBeth de Shakespeare. Il projetait d'adapter cette oeuvre depuis 1950, mais ses projets furent contrariés par la sortie de la version d'Orson Welles. MacBeth est considéré comme la plus sombre des pièces de William Shakespeare. Pas étonnant, dés lors, qu'elle fût choisie par Akira Kurosawa, le cinéaste japonais partagent avec le dramaturge Britannique un point de vue plus que pessimiste sur les tréfonds de l'âme humaine, mue, d'après eux, par le seul désir de pouvoir et de mort. Le génie de Kurosawa fut d'imaginer MacBeth à l'intersection du cinéma d'aventure et du théâtre Nô. Le film connaît un retentissement international.

La forteresse cachée LA FORTERESSE CACHÉE , réalisé en 1958, l'un des films les plus coûteux d'Akira Kurosawa, ainsi que son premier film en format cinémascope. C'est aussi l'un de ses plus gros succès internationaux. Le film fut exploité à l'étranger dans une version raccourcie d'environ treize minutes. Ce film servit de matrice au film de George Lucas "STAR WARS", du propre aveu de son réalisateur. Au printemps 1949, Kurosawa monte sa propre société de production, avec l'assurance d'être distribué par la TOHO . A la même époque, il part visiter l'Europe, tandis qu'aux états-Unis, Hollywood produit un remake des SEPT SAMOURAÏS sous la forme d'un western resté célèbre, les sept mercenaires (The Magnificent Seven), de John Sturges. RASHOMON , d'abord adapté à Broadway, fera lui aussi l'objet d'un remake: l'Outrage, réalisé par Martin RITT en 1964 et interprété par Paul Newman.

6. La Séparation

C'est avec son fameux diptyque YOJIMBO / SANJURO en 1961/ 62 qu'il malmène les codes du genres qui la rendu célèbre, en y montrant un samouraÏ fatigué, aux méthodes expéditives. L'humour qui traverse les deux films a influencé la naissance en Europe du western spaghetti, au point que Sergio Leone déclinera Yojimbo dans (pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, 1964), ce qui lui vaudra un procès pour plagiat. La production en décors d'époque de BARBEROUSSE hakahige - Barberousse démarre en 1963. Comme SAN JURO , c'est une adaptation d'une oeuvre de l'écrivain Shugoro Yamamoto. BARBEROUSSE constitue le deuxième opus de la trilogie qu'Akira Kurosawa a consacrée aux bas-fonds, après LES BAS FONDS en 1957, et avant DODE'S KADEN en 1970. Le tournage s'étire sur une durée record, le film est très onéreux et l'équipe singulière. Retenu sur le tournage, Toshiro Mifune ne peut honorer ancune des propositions qui lui sont faites -- notamment de l'étranger. L'acteur et son metteur en scène s'opposent autour du personnage principal, puis se fâchent, pour longtemps. C'est leur dernier film ensemble. Il ne sort qu'au printemps 1965, laissant le cinéaste épuisé et malade. BARBEROUSSE permit à Toshiro Mifune de remporter son deuxième Prix d'interprétation à la Mostra de Venise (après Entre Ciel et l'Enfer quelques années plus tôt), fait unique dans l'histoire du festival.

7. Les déceptions

La 20th Century Fox propose alors à Kurosawa de diriger et de produire les séquences japonaises de TORA TORA TORA , superproduction militaire. Le studio américain se heurte à la personnalité exigeante de Kurosawa, et il n'aboutira, affiche Dode's kaeden comme RUNAWAY TRAIN abandonné jusqu'en 1985. En juillet 1969, Kurosawa fonde avec trois de ses contemporains (Ichikawa, Kinoshita et Kobayashi) son premier film en couleur, DODE'S KADEN , adapté de Quartier sans soleil de Yamamoto. Pour la première fois depuis seize ans, le film n'est pas en Cinémascope. L'existence d'une version de plus de quatre heures est régulièrement relatée mais n'a jamais été confirmé par les proches du cinéaste et semble, si elle existe, à jamais invisible. Cette peinture très dure de la vie dans les bidonvilles de Tokyo sort en octobre 1970 et l'échec public est sans appel. Kurosawa se lance dans la production télévisée mais le coeur n'est pas. Le cinéma et les studios japonais sont en crise et Akira Kurosawa n'en est plus "L'Empereur". Il tente de mettre fin à ses jours l'hiver 1971. Il a soixante et un ans.

8. Le retour du succès

C'est lors du Festival de Moscou en 1973 que Kurosawa se voit proposer DERSOU OUZALA , produit par une compagnie soviétique. Ce film d'aventure tourné dans la taiga est un succès public en 1975, récompensé par un Oscar. Kajiro Yamamoto, le maître de toujours, meurt sans en être le témoin. En 1978, l'autobiographie d'Akira Kurosawa est publiée sous forme de feuilleton dans un journal. Alors que les compagnies japonaises boudent le cinéaste, considéré comme appartenant au passé, c'est d'Hollywood que viendra l'encouragementà poursuivre son oeuvre. La génération de cinéastes cinéphiles qui apparaît dans les 70's (seventies) sait Kagemusha ce qu'elle lui doit et le tandem Francis Ford Coppola / George Lucas soutient le projet KAGEMUSHA, L'OMBRE DU GUERRIER , dont ils produisent la version internationale en 1980. Cette année là, le film remporte la Palme d'Or à Cannes. En 1982, Takashi Shimura, son autre acteur fétiche, meurt, quelques mois avant que RASHOMON soit élu Lion d'Or des Lion d'Or à Venise. En grand admirateur de Shakespeare, Kurosawa décide d'adapter le Roi Lear sous le titre RAN en 1985, presque trente ans après LE CHâTEAU DE L'ARAIGNéE . Produit par le Français Serge Siberman, le film est réalisé sous le regard de Chris Marker qui tourne AK, documentaire sorti en salles la même année. RAN sera récompensé par quatre nominations aux Oscars. Cette même année, l'actrice Yoko Yaguchi, son épouse meurt.

9. Les dernières années de sa vie

Akira Kurosawa à quatre-vingt ans lorsque Steven Spielberg et Kurosawa festival de Cannes George Lucas produisent RÊVES pour la Warner. Le film fait l'ouverture du Festival de Cannes. Kurosawa part pour Hollywood recevoir un Oscar d'honneur. Le cinéaste enchaîne avec RHAPSODIE EN AOÛT, également présenté à Cannes. Le film, mélancolique, s'articule autour d'une vieille dame ayant survécu à Hiroshima et met en scène l'acteur américain Richard Gere dans un second rôle. L'année 1993 celle du dernier film, MADADAYO (qui signifie: "pas encore prêt"). L'ami et conseiller de toujours, Inoshiro Honda, est encore présent sur le tournage mais meurt avant la sortie du film. A ses funérailles. Akira et Toshiro se retrouvent. En 1997, le producteur Tomoyuki Tanaka, qui épaula Kurosawa pendant les années soixante, s'éteint. Puis c'est au tour de Toshiro Mifune.

Le 6 septembre 1998, Akira Kurosawa meurt. Le Cinéma est en deuil: Il perd un ses plus grands artistes. Teruyo Nogami, sa script depuis RASHOMON, en est la mémoire, Trente films et un demi siècle de cinéma.


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